Véhicules électriques, modes de transport alternatifs à la voiture, services de mobilité … l’environnement des déplacements professionnels se diversifie. Pour les entreprises, c’est le moment propice pour tester de nouveaux services.

Dans son Global Mobility Roadbook 2019, Ptolemus Consulting Group pointe deux ­accélérateurs de transformation de la mobilité : l’essor des applications sur smartphone et celui des services à la demande et partagés. Pour sa part, l’observatoire « Les clés de la mobilité », créé par Athlon, relève que 88 % des grandes villes françaises (plus de 65 000 habitants) possèdent déjà un service d’auto-partage. 32 % proposent des vélos en libre-service, et 30 % ont déployé des scooters et des trottinettes électriques dans leurs rues. Un dynamisme porté par de jeunes start-up et relayé, depuis peu, par des groupes qui investissent massi­vement.

En avril dernier, le leader de l’auto-partage américain, Getaround, a signé un chèque de 300 millions d’euros pour s’offrir la plateforme française Drivy. Quant au concurrent, Car2Go, lancé à Paris par Daimler, il vient de fusionner avec l’offre DriveNow de BMW pour donner naissance à une famille de services de mobilité, baptisée Share Now. Les constructeurs français ne sont pas en reste. À Paris, la disparition d’Autolib’ laisse le champ libre à Renault avec Moov’in (100 Zoe et 20 Twizzy) et à PSA avec Free2Move (plus de 450 Citroën C-Zéro et Peugeot iOn). Pas facile, pour les gestionnaires de flottes, de s’y retrouver face à une offre aussi évolutive, tout en respectant les exigences internes à l’entreprise.

Des services de niche

« La chaîne des problématiques d’un gestionnaire de flotte intègre l’optimisation des coûts, la RSE, l’impact environnemental. Cela le conduit à regarder des formes de mobilité complémentaires au véhicule de fonction« , analyse Alessandro Pigazzi, directeur de l’International Business Office d’Arval et global alliance manager. « Surtout, ces nouvelles approches permettent aux gestionnaires d’avancer sur un terrain encore peu défriché, celui des plans de déplacement d’entreprise.  » Il s’agit d’un sujet distinct de la mobilité des collaborateurs qui ont un véhicule de fonction, observe Gérard de Chalonge, directeur ­commercial et marketing d’Athlon France. Il pose la question des salariés sédentaires qui ne bénéficient pas d’un véhicule lié à leur activité. »

Avec une réserve cependant : « La mobilité hors voiture concerne essentiellement les grandes agglomérations. Partout ailleurs, l’automobile demeure une nécessité absolue« , tempère Gérard de Chalonge. Avant de choisir des offres, les entreprises ont, par conséquent, intérêt à ­clarifier leurs attentes. « La première étape de notre offre SMaRT consiste à définir les objectifs avec l’entreprise et à savoir jusqu’où celle-ci est prête à aller, en positionnant ses priorités par ­rapport à un triangle entre les questions de ­ressources humaines, de coûts et de RSE » , résume Alessandro Pigazzi.

Cibler les besoins de mobilité

Une autre étape cruciale est de cerner les besoins des utilisateurs potentiels de manière à sélectionner des prestations adaptées. C’est d’ailleurs ce que propose Arval avec son offre SMaRT, une sorte de méthodologie en cinq étapes, qui permet aux clients de définir, puis de mettre en oeuvre leur stratégie de transition énergétique. « L’approche SMaRT comprend une analyse de la flotte mais également des conducteurs : combien de kilomètres parcourent-ils ? Où se situe leur domicile par rapport aux services de mobilité ?« , développe Alessandro Pigazzi.

Estimer les contraintes que les collaborateurs sont prêts à accepter constitue une autre condition essentielle du succès de la transition vers d’autres mobilités. « Certaines entreprises sont passées de flottes non partagées de 300 véhicules à une flotte partagée d’une centaine de véhicules pour la même utilisation, affirme François Denis, directeur général du spécialiste d’auto-partage Ubeeqo France. Il faut que les différents départements acceptent de partager des véhicules. »

Les télématiciens ont, eux aussi, un rôle à jouer dans cet accompagnement, grâce à l’exploitation des données d’utilisation des véhicules en temps réel. La nouvelle offre ­baptisée Drive & City d’Optimum Automotive intègre ainsi un « centre de conseil », qui oriente les gestionnaires de parcs vers les solutions de mobilité pertinentes. « Nous sommes capables, par exemple, de proposer une modélisation du parc pour certains types de déplacements, de mettre des véhicules en mode partagé ou bien encore d’ajouter du co-voiturage« , précise Daniel Vassallucci, CEO d’Optimum Automotive.

Des gains et des risques

Quant au coût de cette transition vers d’autres mobilités, il peut être contenu lorsque celle-ci a été bien réfléchie. « L’auto-partage rationalise le parc en ciblant des véhicules qui roulent peu. On peut ainsi passer entre 10% et 20% du parc en auto-partage« , assure Gérard de Chalonge. Autre valorisation associée à l’auto-partage : proposer des véhicules de pool aux collaborateurs pour des trajets privés, le soir ou le week-end. Cela optimise leur utilisation, tout en générant un revenu pour l’entreprise.

Dernière possibilité : rendre les véhicules de pool disponibles à la location pour les particuliers. C’est la proposition que fait Drivy aux entreprises qui acceptent d’équiper leurs véhicules d’un boîtier de géolocalisation. « L’abonnement mensuel est de 20 euros par véhicule. Il comprend l’installation et l’accès à la plateforme, détaille Samuel Vals, directeur général de Kuantic, fournisseur de l’équipement. L’offre peut générer jusqu’à 600 euros de revenus par mois dans le cas d’un véhicule qui serait loué en permanence. »

Enfin, ultime tendance : choisir des solutions de mobilité parmi celles destinées au grand public. Cette approche pragmatique présente, néanmoins, un inconvénient : l’impossibilité de faire remonter les données et la facturation, donc de suivre le TCO (coût total de possession). Tel est le cas avec les services de Free2Move. Certes, le tarif s’avère compétitif (32 centimes par minute avec un abonnement mensuel à 9,90 euros), mais les factures ne peuvent pas être rattachées à un compte société. « Il faut que le collaborateur utilise son compte personnel et se fasse rembourser les frais« , confirme Christophe Chateau, responsable de la ­communication de l’opérateur qui travaille sur cette intégration pour les clients business.

Pour l’instant, les prestataires B to C conservent une longueur d’avance en jouant leur rôle d’agrégateur de solutions, à l’image d’ALD Automotive avec son offre ALD Switch. Le collaborateur qui choisit une voiture électrique peut profiter d’un modèle thermique jusqu’à soixante jours par an. Une carte Total Multi- Énergie est à sa disposition pour faire le plein d’essence ou recharger la batterie électrique sur 15 000 bornes en France. « Cette offre permet de lever les dernières barrières et d’envisager le véhicule électrique comme une voiture de fonction« , souligne Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive France. Une bonne opportunité pour réaliser un test avant d’ouvrir sa car policy à d’autres formes de mobilité.

Source: https://www.chefdentreprise.com/Thematique/flotte-auto-1028/breves/mobilite-recomposer-son-offre-deplacement-341617.htm#lsP2ozLEiHH85x2S.97