Selon le dernier baromètre de bpifrance et Rexecode, les problèmes de recrutement concernent principalement des postes requérant un faible niveau de formation initiale. Un phénomène d’autant plus inquiétant qu’il constitue d’ores et déjà un frein au développement de l’activité de ces entreprises.

C’est une nouvelle étude qui confirme, ce jeudi, les difficultés de recrutement auxquelles sont confrontés les dirigeants d’entreprise. Selon le baromètre dévoilé par bpifrance et l’institut Rexecode, en ce quatrième trimestre, 73 % des patrons de TPE et PME (sur les plus de 2.000 interrogés) ont rencontré un besoin de recrutement au cours des douze derniers mois et, parmi eux, 79 % ont été confrontés à des difficultés pour embaucher. Preuve de cette pénurie de main-d’oeuvre : un peu plus d’un tiers des postes à pourvoir sont vacants depuis plus de six mois, dont 12 % depuis plus d’un an.

Le baromètre s’est penché sur les PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 millions de chiffre d’affaires. Ces dernières signalent que l​es problèmes d’embauche concernent surtout des postes requérant un faible niveau de formation initiale.

Ainsi, 44 % des dirigeants ont des difficultés à recruter pour des postes ​nécessitant un diplôme de niveau CAP, BEP ou brevet des collèges, et 42 % peinent à trouver des bras pour des emplois ne requérant aucun diplôme. « Les dirigeants ont moins de difficultés à recruter sur des postes de ​niveau Bac+5 et supérieur à Bac+5. Ce résultat peut néanmoins être nuancé par le fait qu’il y a probablement plus de postes ouverts nécessitant un faible niveau de formation initiale », note le baromètre.

Pénurie de candidats

Le principal frein au recrutement, selon 70 % des dirigeants interrogés, est… l’absence de candidats. Viennent ensuite, pour 35 à 37 % des dirigeants, « le niveau de qualification des candidats, leur manque d’expérience et la faible adaptabilité perçue du candidat à l’entreprise (que ce soit en termes de culture d’entreprise ou de savoir-être) », expliquent les auteurs. Le salaire demandé n’est que la cinquième raison évoquée par les chefs des TPE/PME (cité par 21 % d’entre eux).

« Les dirigeants sont peu nombreux à estimer que les difficultés de recrutement sont liées à des caractéristiques propres à leur entreprise », souligne également Rexecode. Parmi ces « caractéristiques » figurent l’organisation du travail, l’implantation géographique ​de l’entreprise ou encore son manque de notoriété.

Réduction de l’activité

Pour remédier à ces problèmes, les chefs d’entreprise tentent différentes solutions. Ils ont ainsi majoritairement fait évoluer l’organisation générale de leur entreprise (55 %), à l’image de ces restaurateurs qui offrent à leurs salariés plus de congés . Une part importante des dirigeants (38 %) affirme également avoir fait évoluer la politique de recrutement (en passant par les réseaux sociaux ou en faisant appel à des chasseurs de têtes).

Les dirigeants ont aussi ajusté leurs critères de recrutement en proposant des salaires plus élevés (26 %) ou en abaissant leurs exigences en termes de qualification (19 %). D’autres affirment avoir recours ​à l’intérim ou au travail détaché (22 %), ou bien encore à des sous-traitants (16 %). Plus inquiétant, le baromètre révèle que 34 % des dirigeants ont, eux, pris la décision radicale de réduire leur activité.

L’impact sur le développement des entreprises, quelles que soient les mesures d’adaptation auxquelles elles ont recours, est déjà une réalité pour 51 % d’entre elles. Et 38 % des dirigeants interrogés nourrissent des craintes pour le futur, malgré la reprise de l’activité et une trésorerie jugée favorable . Les difficultés de recrutement sont d’ailleurs la préoccupation principale des entreprises aujourd’hui (citées par 58 % d’entre elles), devant la hausse des prix des matières premières et des produits énergétiques.

Hausse des salaires en vue

C’est cette situation paradoxale – avec une croissance du PIB attendue à plus de 6 % cette année et un taux de chômage qui devrait se situer aux alentours de 7 % en fin d’année – à laquelle le gouvernement tente de remédier, de peur qu’elle ne freine la relance économique. Fin septembre, le Premier ministre, Jean Castex, a dévoilé un « plan compétences » de 1,4 milliard d’euros pour financer notamment des centaines de milliers de formations.

L’exécutif appelle aussi régulièrement les entreprises concernées par ces difficultés à faire des efforts pour rendre leurs métiers plus attractifs. La hausse des rémunérations est présentée comme l’une des solutions . Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a justement prédit récemment que « beaucoup d’entreprises augmenteront les salaires » début 2022.

 

Source : https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/pres-de-4-tpe-et-pme-sur-5-confrontees-a-des-difficultes-de-recrutement-1364899