Le salon SME on-line a consacré une journée aux auto-entrepreneurs. L’occasion de faire le point sur ce statut très usité, à la fois simple et sans risque, mais aussi largement décrié.

« Le statut a souvent mauvaise presse, reconnaît Claire Antoine, consultante en innovation et facilitatrice graphique, installée en micro-entreprise depuis quatre ans. Le terme micro sous-entend que l’on est une mini entreprise alors que l’on est une entreprise comme les autres. » Une nouvelle terminologie que regrette également François Hurel, président fondateur de l’Union des Auto-Entrepreneurs. « C’est dommage et dévalorisant de traiter un auto-entrepreneur de micro ». Malgré cela, le régime ne connait pas la crise et séduit de plus en plus de Français : chaque année, deux tiers des créateurs optent pour ce régime.

En 2020, l’Hexagone, qui a comptabilisé 848 200 créations d’entreprise, en a compté 547 900 en micro-entreprises selon les chiffres de l’Insee (+ 9 %). « Le régime a été créé pour essayer de répondre à tous les cas de figure possibles en se lançant de toutes les façons, soit dans une activité cumulative avec une autre, avec un autre statut, d’autres revenus, soit de façon exclusive, soit parce qu’il faut aller très vite. C’est à la fois un tremplin et un statut. On a recherché la simplicité absolue avec un statut à la fois simple et rapide qui s’adresse à tout le monde », explique François Hurel.

Possibilité de cumuler plusieurs activités

Dans le contexte actuel où se lancer dans l’entrepreneuriat peut apparaître risqué, l’auto-entrepreneuriat apparaît comme une manière de se lancer de façon mesurée et progressive pour tester une idée. « On prend beaucoup moins de risque que lorsque l’on crée une entreprise », reconnaît Claire Antoine. Les micro-entrepreneurs ne payant pas de charge s’ils ne dégagent pas de chiffre d’affaires. « C’est un vrai gage de sécurité et de sérénité », confirme François Hurel. Claire Antoine apprécie aussi la possibilité de cumuler deux activités. « Cela permet de se lancer en restant potentiellement à 50 % salarié, tout en testant une nouvelle activité avant de se lancer à plein temps lorsque l’on a suffisamment de clients et que l’on dégage assez de CA. C’est bien pour faire une transition avant de se jeter dans le vide. »

Cette année, l’entrepreneure va commencer un master. « Je ne suis pas sûre de pouvoir faire en même temps des missions. Si j’avais eu une entreprise, j’aurais probablement dû l’arrêter car je n’aurais pas pu payer les charges associées. » De la même manière, le 15 mars 2020, Sophie Tulpain a préféré se lancer en micro-entreprise pour tester Les Colibris, une marque d’accessoires zéro déchet qui sont confectionnés dans un atelier de réinsertion sociale des Hauts-de-France à partir de tissus upcyclés (« surcyclage » ou « recyclage par le haut » en français). « J’ai pu tester mon idée sans me lancer dans la création d’une société, ce qui est beaucoup plus complexe. Étant donné le contexte je pense que j’ai bien fait. J’ai trouvé la création assez rapide et simple à faire. » Si elle avait prévu de conserver ce statut seulement les premiers mois de son activité, elle l’a finalement conservé quelques mois supplémentaires à cause de la crise.

Non déductibilité des charges et difficultés à se regrouper

Pourtant, la micro-entrepreneuse reconnaît que ce n’est pas forcément le statut le plus intéressant pour une activité d’achat revente. « J’avais l’idée au départ d’évoluer assez vite, sous six mois, vers une autre structure juridique. J’ai beaucoup de charges avec les achats de matières premières et le coût de l’atelier de confection. Si j’étais en société, je pourrais les passer en charges. » François Hurel insiste sur la nécessité de trouver le point de bascule où il sera plus intéressant de passer en société afin de récupérer la TVA payée et de déduire ses charges notamment pour les achats. « C’est une des limites du régime », reconnaît-il.

Autre point négatif : la difficulté pour les auto-entrepreneurs de travailler ensemble. « Nous devons réfléchir rapidement à la façon dont on peut se regrouper afin qu’il n’y ait au final qu’une seule facture pour le client », estime François Hurel. Dans son secteur, il arrive à Claire Antoine de s’associer avec d’autres consultants pour proposer des offres plus globales. « Dans le cas où je vais sous-traiter, cela devient un achat. Je vais donc devoir payer des charges sur le chiffre d’affaires associé à la facturation de mon sous-traitant. Sinon, on est contraint de se mettre à égalité et de faire deux factures et le client en termes administratifs doit gérer deux entreprises », constate-t-elle.

Troisième limite, la protection sociale qui est accrochée depuis 1945 à des statuts. « Le régime des indépendants protège mal et n’accepte pas de dispositif de prévoyance. Il faut accrocher la protection sociale à l’individu et non à son statut. 12 % de la population active aujourd’hui mérite que l’on s’attarde un peu sur sa protection », intime François Hurel.

 

Source: https://www.netpme.fr/actualite/regime-de-lauto-entrepreneur-avantages-et-limites/